Les 23 et 24 juin en sold-out à Tara’s, la RMT a adapté l’histoire de Zabèlbòk Bèrachat. A la narration de Maurice Sixto, la RMT a ajouté la danse, la mime, le chant et surtout un engagement à faire connaître le célèbre conteur à la postérité. Une initiative bien louable.
Zabèlbòk adulte (Mary Fride Lucien) est sans équivoque la principale attraction de ce rendez-vous avec l’académie de danse Régine Mont-Rosier Trouillot. L’homme déambule le plus souvent avec l’élégance poussée à la caricature des dandys d’autrefois. C’est comme un canard qui empoigne une canne avec le langage emorunté d’un «bourgeois gentilhomme ». Sa mime attise en permanence le rire. Sa mimique autant que celle des autres acteurs dont Mina (Emmanuelle Rocourt), La maman de Mina (Joeanne Joseph) ne seraient rien sans, bien entendu, la narration de Wally Steven Laguerre, le double de Maurice Sixto pour le show. Il est drapé dans une de ces tenues qu’on associe à l’Afrique, un clin d’œil aux griots qui sont les gardiens de l’oralité. Régine, tout en voulant restituer l’histoire du fameux arriviste, a pris beaucoup de risques. C’est un homme qui incarne Manzè Sandrin (Jean Radyn Piard), l’exubérante luména de la Croix-des-Bossales qui a donné la cinglante réplique à Zabèlbòk, trop sur les nuages, croyant trop à sa bonne étoile pour se rappeler ses origines modestes. Autre risque, beaucoup de chansons actuelles ou récentes sont intégrées au show. Despacito, le mégahit latino, Je suis moi de Shy’m, Parler à mon père de Céline Dion… Mais ce n’était pas que ça. Grâce à l’expertise du groupe Ced’Art, on est passé, côté mélodie, de la chanson engagée façon Belo, BIC, au mélodrame de comédie musicale. Leurs prestations sont accompagnées par un set de mini-jazz, par une poignée de percussionnistes ou parfois les deux quand on ne fait pas appel à l’expertise d’un jockey. Par conséquent, côté danse, c’est vraiment un grand mélange. La pop, le ballet, le tango, la danse du ventre, le folklore haïtien…dans un même panier. La mime catholique n’était pas en reste. Mina et sa maman ont ému avec un numéro qui ne manque pas de rappeler la piété des jeunes filles qui dansent à l’action de grâce d’une messe. C’était pour signifier la neuvaine dite par la maman en l’honneur de Notre Dame à dessein de mettre fin au célibat de sa fille bien installée dans la trentaine. L’un des grands moments du show, c’est la virée en discothèque du personnage principal. Laissant son épouse au lit, il y a vraiment pris son pied avec les filles qu’il y a retrouvées. Notre kompa national a eu droit à ses chorégraphies autant que d’autres rythmes dans cet intervalle. Le top des moments sombres n’est pas celui où Zabèlbòk est éjecté de la maison comme tout le monde le supposerait. C’est plutôt celui où la mère de Mina se rend au cimetière pour s’en remettre à son défunt mari pour lui trouver une solution à ce gendre casse-pied. J.Perry, comme prévu, boucle la boucle avec l’interprétation de sa nouvelle chanson « Kiyès ou ye ». Son vibe entraîne autant les danseuses que le public. Et une partie de la présentation du casting s’est fait sur cette mélodie. Régine comme d’habitude présente ses remerciements aux sponsors, partenaires, parents, sympathisants et alliés avant de demander qu’on fasse connaître Maurice Sixto à la postérité. De bons sentiments, l’on convient ! On lui suggère aussi de faire à l'avenir de la plaidoirie en vue d'espaces plus adéquats pour donner plus d’ailes à ses spectacles qui sont en général bien pensés. La pluie survenue à Tara’s à l’entracte le samedi aurait coûté cher à Zabèlbòk si elle ne s’était pas arrêtée. Ce ne serait pas la faute à sa bonne volonté et son charisme mais plutôt au déficit en matière de cadres appropriés en Haïti.
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